Rapports

2004 : L’année de la concentration

Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen

par Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD

  1. Concentration sur la production : le marché est toujours porteur et 3070 livres appartenant au monde de la BD (dont 2120 nouveautés) ont été publiés en 2004.
  2. Concentration de l’édition : 207 éditeurs (ils étaient 185 en 2003) ont publié des BD en 2004, mais plus des 3/4 ont été édités par seulement 23 d’entre eux.
  3. Concentration sur les valeurs sûres : le nouveau Titeuf (tiré à 2.000.000 ex.) écrase tous ses éventuels concurrents, mais de nombreux grands classiques bénéficient également de tirages faramineux.
  4. Concentration sur la BD étrangère : si l’heure est à la mondialisation, les 754 BD japonaises ou coréennes (mangas ou manwhas) restent les plus appréciées par un public jeune et représentent un marché de plus en plus important.
  5. Concentration sur les métiers de la BD : 1298 dessinateurs ou scénaristes de plus en plus polyvalents sont employés sur le territoire francophone européen.
  6. Concentration sur les adaptations et les autres médias : source d’inspiration pour d’autres formes d’art et de supports, la BD prend conscience de sa valeur
  7. Concentration sur la portée de la BD : aujourd’hui, « BD » rime élégamment avec « diversité » et « rentabilité » !
  8. Concentration sur l’intérêt que la BD suscite : ce média est désormais bien implanté, même auprès des institutions.

    Annexes
    Crédits et remerciements

N.B. : la moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).


I – CONCENTRATION SUR LA PRODUCTION

Le marché est toujours porteur et 3070 livres appartenant au monde de la BD (dont 2120 nouveautés) ont été publiés en 2004. Jusque-là… tout va bien !

La BD reste l’un des principaux moteurs d’un marché du livre qui se porte relativement bien et la production d’albums augmente pour la 9e année consécutive : les ventes semblent même progresser ! Même s’il n’est pas indéfiniment extensible, le marché reste donc porteur (il est estimé, par Livres Hebdo, à 240 millions d’euros, soit un peu plus de 30 millions d’albums vendus par an) mais les acheteurs de BD concentrent leurs achats sur les valeurs sûres. Expression culturelle à part entière, la BD est heureusement bien segmentée (franco-belge, mangas, comics, humour, heroic-fantasy, romans graphiques…) : d’où la création incessante de nouvelles collections (« Post-Mortem » chez Albin Michel, « Angle de vue » chez Bamboo, « Mirages » chez Delcourt, « Empreinte(s) » chez Dupuis, « Ciné 9 » ou « Quadri Noir » chez EP, « Soleil Celtic » chez Soleil…) et de nouveaux labels (Caravelle et Paris-Bruxelles pour Glénat) ; elle touche ainsi un public varié, qui se féminise de plus en plus (voilà peut-être un marché à étudier ?), allant du plus jeune au plus vieux ou au plus cultivé.

Bénéficiant de cette diversification et d’un profond renouvellement de la création, ce dynamique secteur a rationalisé ses méthodes de publication en se mettant au marketing et a réussi à absorber trois fois plus de production qu’à la fin des années 1980 où l’on parlait déjà de surproduction. Cependant, cette diversification à outrance préoccupe toujours les acteurs du secteur : « mais si la baisse était trop importante, ce serait une catastrophe économique » dixit les membres du groupe Bande Dessinée du Syndicat National de l’Édition. Bien que ces derniers aient trouvé un équilibre entre les ventes en hypermarchés et celles en librairies spécialisées, les libraires, submergés, ont toujours quelques difficultés pour accueillir l’ensemble des nouveautés sur leurs linéaires ; du coup, ils réalisent des mises en place plus faibles et concentrent leurs efforts sur des coups de cœur ou sur les locomotives : l’augmentation des taux de retours (lesquels se situeraient autour des 40%) est d’ailleurs assez inquiétante. Notons que le nombre d’albums proposé à la vente les premiers mois de l’année est en nette augmentation, mais que le dernier trimestre reste toujours aussi problématique. 1045 albums (contre 842 en 2003) – soit 34,03% de la production annuelle (33,33% en 2003) – sont parus entre septembre et novembre ; mais ce phénomène est inhérent à toute l’édition où la durée de vie d’un livre est de plus en plus courte. La concentration sur les derniers mois se justifie par l’existence récente d’une rentrée « littéraire », à l’image des romans, et par la demande d’un public achetant des BD pour les cadeaux de fin d’année.

Ceci dit, l’accroissement du marché semble être surtout le fait de l’augmentation du nombre de passionnés : 200.000 personnes lisent plus de 15 BD par an et représentent environ 40% des ventes. Parmi les 2120 nouveautés BD (1730 l’an dernier), signalons la forte poussée des BD asiatiques (754 titres, soit 35,56%, du secteur, contre 30,11% l’an passé) au détriment des 163 BD américaines, soit 7,68 % de la production (8,21% l’an passé), et des labels indépendants. Ces derniers ont publié 357 livres (301 l’an passé) et représentent 16,83% des nouveautés (17,39% l’an passé), manquant de plus en plus de visibilité car noyés dans la masse. Une fois ces particularités mises de côté, on s’aperçoit que 846 albums (soit 39,90% du secteur, contre 44,16% en 2003) sont publiés par les « grands éditeurs » (764 l’an passé) et qu’on peut les répartir en 5 catégories :

  • Humour avec 230 titres contre 210 l’an passé (soit 27,18% contre 27,48% en 2003)

  • Imaginaire fantastique avec 220 titres contre 230 l’an passé (soit 26% contre 30,11% en 2003)

  • Policier avec 185 titres contre 138 l’an passé (soit 21,86% contre 18,06% en 2003)
  • Historique avec 136 titres contre 119 l’an passé (soit 16,07% contre 15,57% en 2003)

  • BD pour tout petit avec 75 titres contre 67 l’an passé (soit 8,86% contre 8,76% en 2003).

À ces 2120 nouveaux albums jamais édités sous cette forme jusqu’à aujourd’hui (soit 69,05% de la production BD annuelle, contre 68,48% en 2003), il faut rajouter 610 rééditions, soit 19,86%, (contre 515, soit 20,38% de la production en 2003) sous une nouvelle présentation ou éditions revues et augmentées, 254 recueils d’illustrations ou de dessins d’humour, soit 8,27%, (contre 212, soit 8,39% de la production en 2003) réalisés par des auteurs de BD et 86 (2,8%) ouvrages sur la BD (contre 69, soit 2,73% de la production en 2003). Nous arrivons ainsi à un total de 3070 livres appartenant au monde de la BD (contre 2526 l’an dernier) : soit une augmentation de 544 titres (contre 322 l’an dernier) et de 17,71% (14,6% en 2003). En comparaison, 50 000 livres ont été publiés cette année ; la BD représente donc 6,14% (contre 5,49% l’an passé) des livres édités sur le territoire francophone européen et un peu plus de 6,5% du chiffre d’affaires de l’édition.



II – CONCENTRATION DE L’ÉDITION

207 éditeurs (ils étaient 185 en 2003) ont publié des BD en 2004, mais plus des 3/4 ont été édités par seulement 23 d’entre eux. L’édition française se restructure : La Martinière a racheté Le Seuil, formant un nouveau gros groupe ; la société d’investissement Wendel (nouvel acteur important du marché du livre) a acheté Editis (une partie de Vivendi Universal Publishing) ; Bayard s’est associé à Milan pour devenir le plus important éditeur pour enfants et Média Participations (c’est-à-dire Dargaud, Le Lombard, Kana, Lucky Comics, Blake et Mortimer, Fleurus, Mango…) a jeté son dévolu sur Dupuis. Il s’impose ainsi comme le leader de la BD francophone, contrôlant désormais 37% du marché : c’est le seul segment de l’édition où un seul acteur en possède plus de 33%. Il relègue Glénat (avec Vents d’Ouest, Glénat Mangas, Caravelle et ParisBruxelles) à la 2ème place et Flammarion (avec Casterman, Audie et J’ai Lu) à la 3ème : ces trois groupes sont talonnés par Delcourt et Soleil (alliés sur le terrain de la diffusion grâce à la structure DelSol), puis, dans une moindre mesure, par Les Humanoïdes associés (rachetés par le producteur de cinéma français Pierre Spengler) et Albin Michel BD (ou SEFAM). Ces éditeurs, qui restent spécialisés, réalisent, à eux seuls, plus des 2/3 des activités du secteur.

Il faut cependant noter les montées en puissance de maisons d’édition comme SEEBD, Panini, Semic-Tournon, Tonkam et Pika (axées sur les mangas et les comics) ou comme Milan et Bayard (qui confirment l’effervescence de la BD jeunesse) ou encore comme La Martinière (avec Le Seuil et EP Éditions) et Bamboo, puis Paquet, Loup, Asuka, Clair de lune, Joker, Nocturne, Six pieds sous terre… Ces 23 prolifiques éditeurs (contre 26 l’an passé) ont publié plus des 3/4 de la production en titres, ce qui laisse peu de marge de manœuvre aux nouvelles éditions comme Pavesio, Mégalithes, Ananké.., ou aux labels indépendants (Akileos, L’An 2, L’Association, Assor BD, Atrabile, Azeko, BFB, La Boîte à Bulles, La Cafetière, Charrette, La Comédie Illustrée, Cornélius, Le Cycliste, Denoël Graphic, Drozophile, Dynamite, Ego comme X, L’Employé du moi, Erko, FLBLB, FRMK, Grafouniages, Groinge, IPM, JYB Aventures, Mosquito, Le 9e Monde, Petit à petit, PLG, Rackham, Les Requins Marteaux, Tartamudo, Theloma, USA, Vertige Graphic….). Ces petites structures ont pourtant besoin d’un peu d’espace pour continuer à constituer des catalogues qui sont des pépinières de nouveaux talents ; d’ailleurs, d’une manière générale, elles ont développé un certain professionnalisme tout en consolidant leurs activités. Leurs politiques éditoriales, souvent novatrices, devraient toutefois porter leurs fruits puisque, malgré les concentrations économiques, le marché n’a jamais été aussi réceptif !

Le secteur progresse donc en rigueur et en maturité mais c’est toujours le cercle très fermé des principaux éditeurs qui reste le plus actif : en 2004, le groupe Média Participations a publié 363 titres (117 pour Dargaud, 85 pour Kana, 49 pour Le Lombard et 98 pour Dupuis) contre 301 l’an passé, soit 11,82% de la production BD (11,90% en 2003) ; le groupe Glénat a publié 287 titres (124 pour Glénat, 91 pour Glénat Mangas, 67 pour Vents d’Ouest et 5 pour Caravelle, sa nouvelle filiale) contre 261 l’an passé, soit 9,34% (10,32% en 2003) ; Delcourt 244 titres (145 pour la marque Delcourt, 30 pour Delcourt Jeunesse et 69 pour Delcourt-Akata) contre 174 l’an passé, soit 7,94% (6,89% en 2003) ; le groupe Flammarion 238 titres (140 pour Casterman, 38 pour Audie, 40 pour J’ai Lu, 7 pour Librio et 1 pour Flammarion) contre 181 l’an passé, soit 7,75% (7,16% en 2003) ; Soleil 207 titres (169 pour la marque Soleil, 3 pour Bagheera, 12 pour La Sirène et 23 pour Végétal Manga) contre 184 l’an passé, soit 6,74% (7,28% en 2003) ; SEEBD (c’est-à-dire Akiko, Saphira, Kabuto et Tokébi) 158 titres (contre 59 l’an passé) soit 5,14% (2,33% en 2003) ; Panini 137 titres (contre 116 l’an passé) soit 4,46% (4,59% en 2003) ; Semic-Tournon 96 titres (67 pour Semic et 29 pour Carabas) contre 54 l’an passé, soit 3,12% (2,13% en 2003) ; Tonkam 96 titres (contre 96 l’an passé) soit 3,12% (3,80% en 2003) ; Les Humanoïdes Associés 72 titres (contre 64 l’an passé) soit 2,34% (2,53% en 2003) ; Pika 72 titres (contre 75 l’an passé) soit 2,34% (2,96% en 2003) ; le groupe Bayard 71 titres (50 pour Bayard, 7 pour Milan et 14 pour Treize Etrange) contre 29 l’an passé, soit 2,31% (1,15% en 2003) ; Albin Michel BD 62 titres (contre 63 l’an passé) soit 2,01% (2,49% en 2003) ; le groupe La Martinière 55 titres (33 pour EP Éditions, 17 pour Le Seuil, 4 pour Rivages et 1 pour la marque La Martinière) contre 46 l’an passé, soit 1,79% (1,81% en 2003) ; Bamboo 40 titres (contre 19 l’an passé) soit 1,3% (0,75% en 2003) ; Paquet 38 titres (contre 29 l’an passé) soit 1,23% (1,15% en 2003) ; sans oublier le groupe Hachette avec ses diverses filiales (plutôt portées sur les rééditions et recueils illustrés) avec 43 titres (soit 1,4%) contre 15 l’an passé (soit 0,59%).


III – CONCENTRATION SUR LES VALEURS SÛRES

Le nouveau Titeuf écrase tous ses éventuels concurrents, mais de nombreux grands classiques bénéficient également de tirages faramineux. Gommée des hit-parades littéraires comme pour cacher son poids économique, la BD est pourtant à l’origine des plus gros succès de l’édition francophone, tous genres confondus. Titeuf en est l’exemple le plus représentatif puisque cette série, créée par Zep, est encore une fois la meilleure vente de l’année avec son nouvel album (tiré à 2.000.000 ex.). Si on se fie aux tirages annoncés par les éditeurs, les autres grands gagnants de l’année sont aussi des habitués (Largo Winch de Van Hamme et Francq avec 530.000 ex., XIII de Van Hamme et Vance avec 450.000 ex., Joe Bar Team de Bar2 et Fane avec 430.000 ex.,Cédric par Cauvin et Laudec avec 320.000 ex., Kid Paddle par Midam et deux titres du Lanfeust des étoiles par Arleston et Tarquin avec 300.000 ex., Thorgal par Van Hamme et Rosinski avec 280.000 ex. et la réédition remaniée de Tintin et l’Alph-Art par Hergé avec 600.000 ex.), quelque soit l’auteur ! Les succès sans précédent des reprises de personnages célèbres comme Lucky Luke par l’humoriste Laurent Gerra et Achdé (650.000 ex.), Blake et Mortimer par Sente et Juillard (520.000 ex.) ou Spirou par Morvan et Munuera (250.000 ex.) sont d’ailleurs significatifs.

Outre ces grands classiques, le programme éditorial de 2004 a comporté bien d’autres locomotives (beaucoup plus nombreuses que les années précédentes : 69 au lieu de 59 en 2003 !) : Peter Pan par Loisel, Les Tuniques bleues par Cauvin et Lambil (200.000 ex.), Trolls de Troy par Arleston et Mourier (170.000 ex.), Le cri du peuple par Tardi (160.000 ex.), Les Profs par Erroc et Pica, Caméra Café de Van Linthout, Stibane et Didgé, 2 titres de Tom-Tom et Nana par Cohen, Reberg et Desprès (140.000 ex.), Lady S. de Van Hamme et Aymond (130.000 ex.), Les annonces en BD de Fab et Aurel, L’élève Ducobu par Zidrou et Godi, Impondérables de Binet, Le Scorpion de Desberg et Marini, Le Marsupilami de Dugomier et Batem (110.000 ex.), Sillage de Morvan et Buchet, Lefranc de Martin et Carin (100.000 ex.), IR$ de Desberg et Vrancken (90.000 ex.), Les Femmes en blanc de Cauvin et Bercovici, Alpha de Mythic et Jigounov (85.000 ex.), Les gendarmes de Sulpice, Cazenove et Jenfèvre, La Caste des Méta-Barons de Jodorowsky et Giménez, le collectif Jean-Jacques Goldman, Inédits de Gotlib, Agrippine de Bretécher, À l’ombre des tours mortes » de Spiegelman (80.000 ex.), L’agent 212 de Cauvin et Kox, La complainte des landes perdues de Dufaux et Delaby, Wayne Shelton de Cailleteau et Denayer, Léonard de Bob de Groot et Turk, Yakari de Job et Derib (75.000 ex.), Le combat ordinaire de Larcenet, Aquablue de Cailleteau, Vatine et Siro, Le Chant des Stryges de Corbeyran et Guérineau, Les pompiers de Stédo et Cazenove, Légende de Swolfs, L’épée de cristal de Goupil, Kainzow, Boube et Crisse (70.000 ex.), Mélusine de Gilson et Clarke (68.000 ex.), Valérian de Christin et Mézières, I.N.R.I. de Convard, Falque et Wachs (65.000 ex.), Kénya de Rodolphe et Léo, Marlysa de Gaudin et Danard, UW1 de Bajram, Sanctuaire de Dorison et Bec, De cape et de crocs de Ayroles et Masbou, Les blagues de Toto de Coppée, La frontière invisible de Peeters et Schuiten, Natacha de Walthéry (60.000 ex.), Luuna de Crisse et Kéramidas, Les Technopères de Jodorowsky et Janjetov, Garfield de Davis, Achille Talon de Brett, Herlé et Widenlocher, Face de lune de Jodorowsky et Boucq, Iznogoud de Tabary (50.000 ex.), Djinn de Dufaux et Mirallès, La vengeance du comte Skarbek de Sente et Rosinski, Où le regard ne porte pas d’Abolin et Pont, Le Photographe de Guibert et Lefèvre (45.000 ex.), Jérémiah de Hermann (44.000 ex.)…

Bien entendu, ces chiffres ne traduisent pas les ventes réelles (la plupart des retours des ouvrages ne se font que l’année suivante) mais ils marquent la tendance. Remarquons aussi que l’écart se creuse entre les gros tirages et le peloton des ventes moyennes (qui se situe autour de 10.000 exemplaires, ce qui correspond aussi à un seuil de rentabilité) : d’où, d’ailleurs, le fléchissement des tirages moyens autour de 14.000 exemplaires (ce qui est quand même le double de celui de l’ensemble de l’édition). L’érosion des ventes du fonds est également un gros problème qui se pose aux éditeurs. Ces derniers multiplient pourtant les albums à un prix modique (35 titres soit 1,14%), les collectifs promotionnels comme Cédric & cie (192.000 ex.), Mégatchô (150.000 ex.), Kid Paddle & cie (120.000 ex.), Mégabulles ou Kid’z (9 titres soit 0,29%) et les rééditions sous forme d’intégrales (189 titres soit 6,15%) ou d’éditions « new look » (223 titres soit 7,26%), tout en testant de nouveaux formats. La BD est un genre éditorial à marge faible (fort coût de création et de fabrication pour un prix de vente ajusté) et les éditeurs spécialisés sont obligés d’user de tout leur savoir-faire pour mettre en valeur leur catalogue, les nouvelles séries étant souvent éditées à perte. Par ailleurs, signalons aussi l’augmentation du nombre de tirages de luxe (70 titres soit 2,28%, contre 60 et 2,37% en 2003) touchant un public d’amateurs avisés ou de spéculateurs.


IV – CONCENTRATION SUR LA BD ÉTRANGÈRE

Si l’heure est à la mondialisation, les 754 BD japonaises ou coréennes (mangas ou manwhas) restent les plus appréciées par un public jeune et représentent un marché de plus en plus important.

Devant l’importance prise par la BD étrangère (particulièrement japonaise et américaine), les éditeurs francophones ont tissé des liens suscitant une collaboration entre des artistes venus d’horizons différents. Des dessinateurs s’inspiraient déjà des codes graphiques des mangas ou des comics, mais, désormais, nous assistons à de véritables échanges : les auteurs de chez Semic arrivent à travailler aux USA, les cadors de la BD franco-belge planchent sur des versions exportables des plus célèbres super-héros de l’univers Marvel (représenté par Panini en Europe) et des projets similaires concernant les mangas sont en cours chez Kana ou chez Génération Comics. Enfin, Les Humanoïdes associés, adeptes de ce principe depuis la résurrection du magazine Métal Hurlant, ont réussi à faire diffuser et publier leurs albums aux USA via la firme DC Comics, éditeur de Batman et de Superman.

Cependant, c’est la BD asiatique qui continue à être la plus traduite sur le territoire francophone : on comptait 521 mangas l’an dernier, il y en a eu 754 en 2004 (soit une augmentation de 233 titres (contre 144 en 2003). Grâce aux mangas, la BD retrouve un public populaire (jeune et féminin) sensible au fait que ces ouvrages sont peu onéreux (pour une quantité importante de pages) et que les nouveaux tomes de chaque série se succèdent dans des délais très rapprochés : c’est d’ailleurs l’un des principaux facteurs d’augmentation de la production BD. Notons qu’au Japon, la production est segmentée à l’extrême et que le marché en réclame toujours plus : la montée en puissance du manga (et de ses méthodes de travail) en Europe est donc inévitable. D’ailleurs, aujourd’hui, toutes les librairies ont des rayons spécialisés en mangas et tous les éditeurs traditionnels de BD ont une collection ou un label spécialisé dans ce secteur lucratif dominé par Glénat, Média Participation (avec Kana) et Pika (le seul à n’éditer que du manga), qui, à eux trois, concentrent plus de 80% du marché. Viennent ensuite Tonkam, Panini (avec Génération Comics), Flammarion (avec J’ai Lu et Casterman), Delcourt (avec Akata), Soleil (avec Végétal Manga), SEEBD (avec Saphira, Kabuto, Akiko et Tokébi)… puis les tentatives plus isolées de Vertige Graphic ou d’Ego comme X. Désormais, tout le monde veut une part du gâteau : les nouveaux venus se pressent sur le palier (IMHO, Ki-Oon, Muteki, Matière, Carabas, Punch Comics et Asuka) et ceux qui sont déjà en place développent de nouvelles collections (Made in Japan chez Kana, Senpai chez Pika, Sakka chez Casterman…). Ainsi, 22 éditeurs se partagent la force commerciale de ce secteur phare et, en 2004, les plus gros tirages des mangas ont été Naruto (60.000 ex.), Yu-Gi-Oh, Gunnm Last Order (50.000 ex.), Fruits Basket, Shaman King, Samouraï deeper Kyo, Hunter x Hunter (40.000 ex.), Love Hina, Saint Seiya : les chevaliers du zodiaque (35.000 ex.), Neon-Genesis Evanlegion (33.000 ex.), Captain Tsubasa world youth, Angel Heart (30.000 ex.), Get Backers, Inu-Yasha, One Piece, Nana (25.000 ex.), Say Hello to Black Jack, Chobits, Slam Dunk, Alice 19th, Step up Love Story, Devil Devil, Bleu Indigo, Ken (20.000 ex.), 20th century boys (18.000 ex.)… sans oublier les rééditions de Dragon Ball (20.000 ex.) et Chonchu (15.000 ex.), l’un des 137 manwahs publiés parmi les 754 BD asiatiques traduites en 2004.

Cet engouement est tel que les mangas possèdent même leurs revues de pré-publications (Shônen, Magnolia, Coyote, Tokebi, Mangas Hits…) et de critiques (Le Virus Manga, AnimeLand, Mangajima…). En revanche, le nombre de magazines publiant des BD américaines super-héroïques (SpiderMan, X-Men, Superman, Batman…) continue de baisser (30 fascicules tirés entre 25.000 et 40.000 ex. paraissent régulièrement, contre 42 en 2003) ; cependant, les amateurs de comics existent toujours puisque 163 BD américaines (soit 8,21%) ont été publiées en albums (contre 142 en 2003). Ce secteur est toujours entre les mains de deux groupes (Panini et Semic), lesquels investissent de plus en plus dans les produits de librairies tout en visant d’autres marchés étrangers. Alors que l’on dénombre aussi 32 BD italiennes (contre 35 en 2003), 20 BD espagnoles (contre 9 en 2002), 9 BD flamandes (contre 6 en 2003)… on obtient, au total, 1020 traductions -tous horizons confondus- (contre 767 l’an passé), c’est-à-dire 48,11% (44,33% en 2003) des nouveautés. Réciproquement, à l’étranger, la BD européenne souffre toujours un peu pour s’imposer, malgré les ouvertures récentes vers les USA (forte présence de la BD française dans les nominés aux « Eisner Award » même s’il n’y a eu aucun élu) ou vers les pays de l’Est. D’après les éditeurs, le marché le plus prometteur, actuellement, semble être l’Asie avec la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong ou la Chine ; cependant, le Japon, quant à lui, reste une forteresse imprenable.


V – CONCENTRATION SUR LES MÉTIERS DE LA BD

1298 dessinateurs ou scénaristes de plus en plus polyvalents sont employés sur le territoire francophone européen.

Comme le marché de la BD se porte bien, ils sont de plus en plus nombreux à en vivre, plus ou moins bien : il faut avoir au moins trois albums disponibles et un contrat en cours ou travailler de façon systématique pour la presse et il demeure très difficile de percer. Les jeunes auteurs sont confrontés à un problème d’exposition sur un marché encombré et cela les oblige à être de plus en plus polyvalents. Ils travaillent pour d’autres médias (nombreux sont ceux qui viennent du jeu vidéo ou du dessin animé où ils ont connu des fortunes diverses) ou participent à des animations pédagogiques. Parmi ces 1298 auteurs (ils étaient 1264 en 2003) notons que 109 (soit 8,39%) d’entre eux sont des femmes (contre 93, soit 7,35%, en 2003), que 206 (soit 15,87%) sont scénaristes sans être également dessinateurs (contre 190, soit 15%, en 2003) et que certains sont aussi coloristes, lettreurs, maquettistes, traducteurs, responsables éditoriaux…

2004 fut l’année du centenaire de la naissance d’Edgar P. Jacobs mais aussi celle des disparitions (rien qu’en Europe francophone) de Jean-Florian Tello (dessinateur de Marshall), Eddy Ryssack (dessinateur à Spirou et à Tintin), Yves Mondet (dessinateur des petits formats de LUG), Jean-Marc Lelong (Carmen Cru), Gilles Nicoulaud (qui fut surtout dessinateur de presse), Gébé (pilier de Charlie Hebdo), Aristophane (très présent chez les éditeurs indépendants), Marc Moallic (dessinateur de Ludo dans Pif Gadget), François Craenhals (Chevalier Ardent et Les 4 As), Martin Matje (illustrateur chez Bayard), Marcel Navarro (scénariste et fondateur des éditions LUG), A.D.G. (scénariste à Pilote)…


VI – CONCENTRATION SUR LES ADAPTATIONS ET LES AUTRES MÉDIAS

Source d’inspiration pour d’autres formes d’art et de supports, la BD prend conscience de sa valeur.

L’intérêt exponentiel des milieux audiovisuels est un facteur supplémentaire qui favorise la légitimation de la BD, même si les adaptations filmées francophones de 2004 (Blueberry, Immortel, L’enquête corse, Les Dalton…) n’ont pas donné toute satisfaction. Toutefois, de nombreux projets sont toujours en cours : Iznogoud, Bob et Bobette, Alix, Blake & Mortimer, Le Démon de midi, Tanguy et Laverdure, Neige, Le Triangle Secret, Blacksad, Valérian, Titeuf, Rapaces, Thorgal, Bob Morane, La Boîte noire, Rahan, Les Pieds Nickelés, Cru bourgeois, Gil St André, Charly… et Tintin par Spielberg ! La BD est devenue un fantastique vivier de scénarios car l’évolution des technologies en facilite l’adaptation : de nombreuses scènes spectaculaires étaient, jusqu’à présent, difficilement transposables. L’arrivée, hélas pas toujours très convaincante pour le moment, de réalisateurs du 7e art (Beineix, Lautner, Lelouch…) comme scénaristes pour le 9e art est, peut-être, de bon augure pour ces fiançailles entre BD et ciné. Pourtant, les producteurs savent bien que la BD n’est pas la potion magique du cinéma ; d’ailleurs, les projets effectivement réalisés font toujours figures d’exception !

On retrouve ce même engouement pour la BD dans les dessins animés, les jeux vidéos ou de société, les pièces de théâtre et le domaine musical : en effet, les accointances entre BD et musique sont de plus en plus fréquentes comme le prouvent les productions CD des éditions Nocturne, Naïve,Théloma ou Ici d’Ailleurs… Quant aux produits dérivés, leur exploitation prend une véritable tournure industrielle et il ne faut pas oublier le secteur publicitaire, de plus en plus friand d’images BD que l’on peut retrouver dans les 254 recueils d’illustrations (dont 55 dessins d’humour et 92 textes illustrés).

Signalons aussi que de plus en plus de magazines (surtout pendant la période estivale) publient des BD : nous en avons dénombré 339 (soit 15,99% des nouveautés) contre 305 et 17,63% en 2003. La plupart l’ont été dans les 28 magazines spécialisés BD que sont Spirou (doté d’une nouvelle formule), Le Journal de Mickey (qui fête ses 70 ans d’existence), Picsou Magazine, Tchô, Lanfeust Mag, Fluide Glacial, Psikopat, Vécu, L’Écho des Savanes, Bédé Adult’, Bédé X S.M., les irréguliers Pilote, Ferraille… et les nouveaux J’aime la BD !, Capsule Cosmique, Zoo, Bande Dessinée Internationale ou les revenants Yéti et Pif Gadget dont le n°1 a été tiré (et pratiquement vendu) à 440.000 exemplaires : prémices d’un renouveau de la BD dans les kiosques, même si le réseau presse reste à reconquérir et si 12 revues préfèrent la distribution en librairies spécialisées comme Métal Hurlant, Lapin, Bile Noire, La Lunette, Bang !, Patate Douce, La Maison qui pue, Choco Creed… ou les récents Lhooq, Clafoutis et Black.


VII – CONCENTRATION SUR LA PORTÉE DE LA BD

Aujourd’hui, « BD » rime élégamment avec « diversité » et « rentabilité » ! La BD est partout ! Jouant sur divers tableaux, elle possède ses propres stars, ses propres bestsellers… et certains n’hésitent pas à déclarer que BD doit aussi rimer avec « rentabilité » ! Comme beaucoup d’autres expressions culturelles, la BD est devenue une industrie qui brasse beaucoup d’argent et, aujourd’hui, elle est le centre de nombreuses stratégies : ceci explique que les affaires judiciaires se soient généralisées.

Cette année, la Cour d’appel, considérant la perte réciproque de confiance entre les parties, a prononcé la résiliation du contrat relatif au futur troisième album du Cycle de Cyann qui liait François Bourgeon et Claude Lacroix aux éditions Casterman ; Moebius et les éditions Humanoïdes associés, quant à eux, ont perdu leur procès contre Luc Besson et la société Gaumont qu’ils accusaient de contrefaçon de la BD L’Incal dans le film Le cinquième élément ; enfin, Zep est assigné en justice par la société de production de dessins animés qui a acquis les droits de Titeuf car le dessinateur fait obstruction à un usage publicitaire trop extensif de son univers et de ses personnages. Par ailleurs, si l’affaire Lucky Luke, opposant Xavier Fauche (associé à Jean Léturgie et aux anciens « nègres » de Morris) et les éditions Lucky Productions, a évolué en 2004, elle n’est pas encore terminée : la longueur des procédures ne décourage pas les intentions, vu l’importance des enjeux !

Nullement diminuée par ces divers affrontements, la BD semble aujourd’hui définitivement sortie de son ghetto. Pourtant, son expansion s’est construite sans réelle vitrine médiatique : en effet, les médias généralistes (et particulièrement la télévision) ont encore du mal à admettre que cet art populaire graphique et littéraire, mais impertinent, soit partout ! Ceci dit, ils se fendent de plus en plus d’un article ou d’une émission en dehors du Festival d’Angoulême (ce dernier reste l’un des plus importants événements livresques français mais, par ses choix controversés, il a du mal à avoir un discours fédérateur qui satisfasse les différents acteurs de cette expression culturelle fort diversifiée) ; même s’ils privilégient encore trop l’angle économique, au détriment du contenu, les médias sont bien obligés de reconnaître qu’il n’y a jamais eu autant d’occasions de parler de la BD à travers les albums, auteurs, festivals, adaptations pour d’autres formes artistiques, animations en librairies, fresques murales, expositions, musées…

L’actualité du 9e art mérite donc une présence renforcée dans les relais d’opinion avec des émissions régulières et des rubriques permanentes. Les journalistes et spécialistes critiques (le plus souvent réunis au sein de l’ACBD : Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) oeuvrent dans ce sens ! Ces passionnés remettent, tous les ans, le Grand Prix de la Critique, à un album remarquable paru dans l’année. En 2004, il a été décerné à Blankets. Manteau de neige de Craig Thompson chez Casterman.

> Sélection 2004 de l’ACBD


VIII – CONCENTRATION SUR L’INTÉRÊT QUE LA BD SUSCITE

Ce média est désormais bien implanté, même auprès des institutions. Nous avons relevé 86 livres écrits sur la BD (dont 41 monographies et 28 guides pratiques) mais il faut savoir que de nombreux étudiants planchent sur des mémoires concernant le 9ème art : l’intérêt pour l’étude de la BD est donc de plus en plus vivace comme le prouvent les 22 revues érudites (L’Avis des Bulles, Bang !, Canal BD Magazine, Comix Club, DBD, La Lettre, 9e Art, On a marché sur la bulle, PLG ou Scarce, Wizard Hors Série et Comic Box spécialisées dans les comics) qui nous parlent de la BD et de ses acteurs, à l’instar des vénérables Hop ! et Le Collectionneur de Bandes dessinées qui ont publié, cette année, leur centième numéro. Certains comme BoDoï, L’Année de la BD ou les derniers nés Bédéka, BD : l’art de la bande dessinée et Bandes Dessinées Magazine osent affronter le public des kiosques, des Relay et autres Maisons de la Presse. Résisteront-ils à l’engouement des passionnés pour les sites Internet car 33% des lecteurs de BD sont des internautes aguerris ?!

Les sites spécialisés sont d’ailleurs de plus en plus performants : actualités, critiques, interviews et dossiers y sont régulièrement mis à jour et certains sites comme bdparadisio.com, bdselection.com, bdzoom.com, auracan.com ou actuabd.com sont nettement plus consultés que leurs équivalents sur papier. Parmi les autres sites informatifs qui méritent le détour citons infosbd.com, labd.cndp.fr, 1001bd.com, planetebd.com, sceneario.com, toutenbd.com, canalbd.net, bulledair.com, bdtheque.com ou le portail bdportal. Cette diversité démontre une fois de plus la curiosité du lectorat BD, lequel est aussi cultivé que celui du cinéma ou de la littérature, contrairement aux idées reçues ! La bédéphilie s’exprime donc, désormais, de plus en plus sur le Net, au détour des « chats » et autres forums où l’on relève, hélas, une méconnaissance regrettable de la BD ancienne ! En effet, le public est de mieux en mieux informé, mais il a un peu trop tendance à ignorer les grands classiques : un patrimoine que les éditeurs se doivent d’entretenir.

En 2004, 70 titres datant de plus de 20 ans, soit 3,30% des nouveautés (contre 67 et 3,87% en 2003), ont bénéficié d’une nouvelle ou première publication en album. Apprécions particulièrement les efforts des éditeurs qui nous ont permis de redécouvrir des petits joyaux oubliés ou inconnus : L’An 2 (avec un livre sur Jean-Claude Forest), Asuka (pour les œuvres d’Osamû Tezuka), L’Association (pour celles de Gébé et de Forest), Les Ateliers du Tayrac (pour Wilhelm Busch), Casterman (pour Hugo Pratt), Dargaud (pour Nikita Mandryka), Delcourt (pour Tezuka, Berni Wrightson, Will Eisner), Dupuis (pour Jijé), Ego comme X (pour Yoshiharu Tsuge), Glénat (pour leur collection « Patrimoine » inaugurée avec Jean Ollivier, Eduardo T. Coelho et René Bastard), Grange (pour Philippe Luguy), Graton (pour Jean Graton), Imho (pour Hideshi Hino), Joker (pour Edouard Aidans), Loup (pour Gérald Forton, Liliane et Fred Funcken, Dino Attanasio, René Follet), Miklo (pour Roger Melliès, Christian Mathelot), Mosquito (pour Attilio Michelluzzi, Dino Battaglia, Carlos Gimenez), Niffle (pour Maurice Tillieux et Peyo), Panini (pour John Byrne, John Romita Sr., John Buscema, Frank Miller, Dave Cockrum), Rackham (pour Alberto Breccia, Mike Mignola), Regards (pour René Pellos et Robert Velter), Semic (pour Bob Kane), Soleil (pour Joe Kubert, Barry Windsor-Smith, Will Eisner, John Buscema), Taupinambour (pour Dimitri, Magnus et Pierre Guilmard), Tonkam (pour Tezuka), Toth (pour Jean Cézard et Milton Caniff), Triomphe (pour Pierre Brochard, Noël Gloesner et Loÿs Pétillot), Vents d’Ouest (pour Al G.), Vertige Graphic (pour Keiji Nakazawa et Yoshihiro Tatsumi)… la BD s’intéresse de plus en plus à son passé pour positionner toute nouvelle création dans une vision plus générale du média et entrer enfin dans un âge adulte. La valorisation du fonds et des classiques est d’ailleurs l’une des clefs qui permettra d’ouvrir sur une reconnaissance des milieux intellectuels et universitaires.

Ceci dit, les choses évoluent et une part non négligeable du combat de la légitimation de la BD, en tant que culture respectable, est déjà gagnée. La preuve, le 9e art, longtemps qualifié de mineur, a désormais acquis ses lettres de noblesse en entrant officiellement, cette année, dans les programmes de l’Éducation Nationale.

Gilles RATIER
Secrétaire général de l’ACBD


ANNEXESTélécharger au format PDF les annexes du Bilan 2004 :

>  Annexes Bilan ACBD 2004


CRÉDITS ET REMERCIEMENTS

La moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).

Merci à Philippe Guillaume, Brieg F. Haslé, Laurent Mélikian, Denis Plagne, Laurent Turpin et à mes autres collègues de l’ACBD.

Les chiffres des tirages ont été communiqués par les attachés de presse ou les responsables éditoriaux. Merci donc à Sébastien Agogué, Jérôme Aragnou, Auteurs Associés, Agnès Bappel, Marlène Barsotti, Maud Beaumont, Pol Beauté, Jean-Yves Brouard, Elise Brun, Anne Caisson, Stephan Caluwaerts, Sylvie Chabroux, Evelyne Colas, Cécile Cuillerier, Jacques Darosa, Loïc Dauvillier, Alain David, Kathy Degreef, Gilles de Diesbach, Mona Fatouhi, Thierry Groensteen, Anne-Cécile Hautbois, Vincent Henry, Sophie Horay, Cédric Illand, Michel Jans, Julie Jonard, Bernard Joubert, Alain Kahn, Emmanuelle Klein, Sabrina Lamotte, Jean-François Lécureux, Lise Louvet, Xavier Löwenthal, Maly Mann, Philippe Marcel, Jérôme Martineau, Philippe Morin, Greg Neyret, Frédéric Niffle, Daniel Pellegrino, Emmanuelle Philippon, Arnaud Plumeri, Valéry Ponzone, Diane Rayer, Richard Saint Martin, Antonin Simon, Marie-Thérèse Vieira , Lucie Vuong et Hélène Werlé.

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